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Jacques HOSOTTE

La foudre et l'arc en ciel fêtent la Saint Sylvestre

Les dieux de L’Olympe se voulant être sages,
Et désireux d’honorer tout leur entourage,
Invitent à la Saint Sylvestre les éléments
Du ciel, pour contrebalancer les manquements
De quelque dieu trublion peu accommodant.
Pour glorifier ce bel appel affriandant,
Tous viennent sous l’égide de l’arc-en-ciel
Sauf la foudre, qui se croyant un officiel,
Exige qu’une invitation lui soit tenue,
Et qu’à la fête lui soit ouverte une avenue.

Cette fête commence dans la bonne humeur,
Et se poursuit dans la vive joie et les clameurs.
Alors que Bacchus égaye ce beau festin,
La foudre s’invite en provocateur mutin.
Quel est ton dessein réel lui dit l’arc-en-ciel,
Lucide sur ses désirs si peu factuels.
Arrosons cette fête d’un peu de folie
Lui dit la foudre hypocrite mais polie !
Il en résulte dans la fête une bourrasque
Qui voit quelques dieux se complaire dans des frasques.

Je peux accepter de vous quelques errements
Mais pas une grande pagaille assurément.
Faisant fi de ces mots, la foudre bien surprise
Poursuit son œuvre sans croire en une méprise.
Devant votre provocation renouvelée,
Comprenez que ma colère soit redoublée,
Lui lance l’arc-en-ciel, se sentant aculé.
Votre provocation est un enfantillage.
Quel est l’intérêt de choquer son entourage,
Sauf à vouloir tant créer une zizanie
Qui se termine toujours dans une avanie ?
Acceptons le changement lui répond la foudre,
Appréciant indubitablement d’en découdre.
Parce que tu veux être dans le firmament
Tu nous agites pour semer l’enfièvrement
Mais ainsi tu te confines dans un tonneau
Dans lequel ton fatum est d’être penaud,
Lui dit l’arc-en-ciel, soucieux de rester serein.
La provocation nécessaire est mon destin
Lui répond la foudre se croyant vertueuse.
Mais penses-tu que cette violence tueuse
Conduira au changement que tu espères tant ?
Les mutations que nous souhaitons tous autant
Ne se construisent pas dans la témérité,
Mais seulement très loin de la médiocrité.

Gaie, elle continue à mettre le feu aux poudres,
Mais son acharnement, devenant agaçant,
Ne présente plus le même effet menaçant
Auprès des dieux qui la trouve peu charitable,
Au point de la trouver bien misérable.
J’en appelle à Zeus pour défendre mes intérêts
Lui dit la foudre, bien peureuse et aux aguets.
Mais Le roi des dieux demeure très silencieux
Devant l’agitateur soudain moins audacieux.
Loin de lui, je vois que ton courage s’efface
Au point que vous en perdez sûrement la face.
Tous les éléments du ciel s’unissent alors,
Et contraignent la foudre à assumer son sort.
Et Bacchus donne à la fête un nouvel essor.

Quelle est la morale de cette simple page.
Que croyez qu’il advienne après un orage ?
La foudre ne sera plus de votre entourage,
De l’arc-en-ciel vous verrez sûrement l’ouvrage
Qui éloignera le souvenir de toute rage.
A une fête, il y a toujours une mort
Mais la provocation n’en est pas le passeport.
Elle croit avoir gagné alors qu’elle s’est perdue
Dans sa propre mort qui est plus tôt apparue.
In fine, la provocation n’est qu’un ruisseau
Qui finit son cours dans un modeste verre d’eau.