J‘appartiens à la modeste secte des nains ; Pour en partir, je ferais des pieds et des mains. J’en ai si peu, comment voulez vous la quitter ? Comme un nain vertébré, je veux m’en acquitter. Je vous lance cet espoir en compositeur Et ne me voyez pas ainsi en nain posteur ! De grâce, je ne suis pas un nain pitoyable Qui rechercherait une grandeur incroyable. Je ne vois rien ainsi et l’on me voit si peu Je veux compter parmi les grands, tel est mon vœu ! Mais à quoi bon résister à notre nature Et vouloir vers d’autres poser sa candidature. Plutôt que d’être un seigneur de la grande taille, Ne vaut-il pas mieux être un nain puissant de taille. Je suis un nain soumis à cette condition, Source de tant de gênes et d’indispositions. Bien sûr, si ma taille m’expose à des ennuis, Dans ses quelques richesses je m’épanouis. Je peux monter en catimini sur un mont Et de là soumettre des grands à un affront. Je peux aussi faire sourire sans gêner Pour devenir un nain connu à câliner. Ce que j’ai vraiment perdu en grâce physique, Je l’ai gagné en grand esprit et en tactique. Alors je suis un nain conscient de cette terre, Qui, acceptant son sort, vous montre son derrière Et crie haut et fort, aux grands, d’un ton courageux : Je suis un nain digne, fidèle et bienheureux.
