J’étais un enfant sage Qui détestait son âge Et les jeux y afférents
Dans les profondeurs De l’asphalte triomphant Je ne lisais que la misère hautaine Des traces d’accidents
Je vivais alors En compagnie de morts Blanchâtres Ou violacés Qui me suivaient partout Où je posais les pieds Jusqu’au refuge ultime De mon indifférence Où gisaient les restes lacérés De mes amours d’enfance
C’était entre deux arbres Un espace bleuté Fait d’herbes jaunâtres Et rempli de fragrances Dont j’ai tout oublié
Un soir un peu brumeux Un magicien vint à passer Me tendit un crayon Quelques feuilles de papier Et me dit Petite ombre Dessine Dessine ou écris Petite ombre Petite ombre Dessine ou écris
Depuis ce jour je n’ai Jamais cessé d’écrire Ni même de dessiner Mais ne suis-je entre mes morts Qu’une ombre esquissée Un trait qu’on efface Résidu de la trace D’un étrange passé Qui n’en finit pas de mourir