Nous écartons les bras Et les jambes Et nous contrôlons La circulation routière sur les ponts De nos corps qui enjambent Le fleuve
Nos membres vibrent un peu Plus que nous Ne l'avions prévu Ensemble cependant Nous résistons de notre mieux Aux ravages du temps A la fatigue Et à l'usure
Nous ne sommes pas fous Nous maîtrisons La situation Alors D'une seule voix Nous martelons parfois Gare aux fissures Aux fêlures A la fragilité des piles A l'érosion Du ciment
L'humidité des nuits Finira Nous dit-on Par avoir raison De notre résistance Et le grand pont Hétéroclite que Nous formons Ne tiendrait plus très longtemps Nous manquerions De compétence
Débordant de tristesse Et de de mélancolie Nous imaginons déjà Les froides heures d'hiver Où l'on nous ramènera Dans les murs de l'asile
A parler franc Les autorités de la ville Se moquent autant de nous Que du trafic routier