Dans l’herbe rare Des fleurs éphémères Ont fait leur quartier Général et glacé Sous l’oeil vigilant De la lune méfiante Au cœur de l’hiver Mais à l’abri du vent
Nul ne les reconnaît On les croit déguisées En bipèdes humains Leur pétales velus Leur font un bonnet Et leur feuilles ressemblent A un vêtement fripé
On dit qu’elles témoignent De réalités Qui naissent au cœur Du conflit des idées Qui échappent au temps
Il se trouverait même Un illustre savant Qui du haut de sa chaire Et plein de suffisance Affirme qu’elles sont Nées du croisement Du bruit et du silence
Mais les fleurs n’en ont cure Et feignent d’ignorer Tout ce que la raison Des hommes dévoile Et quant on les interroge Elles ne répondent rien
Tandis que nous nageons Dans les canaux vulgaires De l’imagination Nous semblons refuser De prendre en considération Les nuages qui Au-dessus de nos têtes Se plaisent à jouer A saute-mouton