Le poète est mort On jette sa dépouille Dans les eaux glauques du port
Il portait sur le monde Un regard ahuri On le disait abruti Fêlé Un peu sauvage Ou trop effacé Comme issu d'une autre âge
Il a laissé deux mots Sur un bout de papier Retrouvé par hasard A côté de son lit
Il y dit qu'il ne sait pas nager Qu'il est tombé Amoureux de la poissonnière Qu'elle a des yeux ronds Comme ceux des harengs Il dit aussi qu'il ne veut pas Laisser la moindre trace De sa vie Sinon ces mots répétés Comme une litanie Le temps passe Le temps passe Le temps passe