Les heures s'allongent à mesure Qu'on les étire Pourquoi nous obligeons-nous A les bourrer d'ennui Dit-elle en tricotant Une écharpe de laine rouge Tandis qu'un diablotin Noir et velu Tourne autour d'elle Comme une hélice
Le temps chatouille Tout ce qui bouge A nos côtés L'accable de rides profondes Le recouvre de la même poussière Fine et légère Que celle qui lentement glisse Sur nos épaules fatiguées Descend jusqu'à toucher Le sol et nous met à genoux
Imprégnés d'âcres odeurs Imbibés de lourd parfums Nous demeurons figés Comme les pierres Les cailloux Les rochers
Quelque forts que soient les dieux Pour nous maintenir en vie Nous finissons cependant Par nous écrouler
La vieille arrête de tricoter Se prend la tête dans les mains Se remémore le passé Puis elle s'endort Jusqu'au matin