Peu après la mort De sa dernière lueur Le jour évanescent Disparaît entièrement Derrière le bois Qui cache l’horizon
C’est ainsi que jamais Nous ne le voyons Partir en-deçà
Tout en ce moment Change d’aspect Mais aussi de parfum Les objets rapetissent Le monde rétrécit Comme une peau de chagrin Les odeurs de la nuit Tiendront jusqu’au matin
Âcres relents D’herbe pourrie De lierre humide De géraniums flétris Qui viennent souligner La misère du monde privé De ses couleurs naturelles Englouties bien malgré elles Dans l’océan des nuit
On voit parfois passer Au sommet de la colline bleutée Un convoi funèbre Un cortège de moines Une vieille femme Poussant une charrette pleine A ras-bord D’enfants morts-nés
On ne bouge pas O respire à peine Pour ne pas se faire remarquer
Dans un profond silence Plein de frissons et de tremblements Nous attendons que perce Le premier rayon De la lumière du jour
Certains d’entre nous Prient les dieux de hâter La venue de l’aube Mais le temps reste le maître Absolu Incontesté De la marche du monde