Voici venu le temps Des charpentes osseuses Des tibias que l'on croise Comme on croise les doigts En vue d'heures chanceuses Des fémurs Des vertèbres Et des côtes flottantes
Sur la plage partout Des hommes et des femmes Pleins d'entrain plantent Des os longs Des os courts Des os plats Et des os gangrenés Comme on dressait naguère Les pieux des brise-lames Pour maîtriser la mer
Que nos morts dorment en paix Leur ombre veille sur le reflux des vagues Comme la mère penchée Sur le lit de l'enfant