Au port le bateau se repose Dans les eaux glauques Aux reflets huileux Il n'attend de ceux Qui longent le quai Ni le regard brumeux De la miséricorde Ni les accents de la compassion Le port n'est qu'une maison Provisoire qui ne marque A ses yeux grands ouverts Qu'un très court temps d'arrêt
Sans discontinuer Il doit encore rouler Sa bosse et repartira Dès l'aube Vers d'autres horizons Que nous cache la mer
Quand inéluctablement Viendra le soir De son dernier voyage Il quittera le monde Sans aucun regret
Il sait que rassasié de jours A la fin de son âge Des mains inconnues Que tout indiffère Prendront en charge Sa démolition Sans aucun état d'âme Sans la moindre émotion