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Jacques AADLOV-DEVERS

150 - El Matador vs. Le Sacré Taureau trop placide

Tu n’as rien compris ? Il n’y a rien à comprendre
Un bonhomme, un taureau, une foule tout autour
L’orgueil, la malice, la mort tous ensemble
Une écharpe rouge comme un compte à rebours

La grâce du geste, la noblesse de l’esquive ?
La furie du taureau et des tribunes excitées
L’odeur du sang, de la mort qui arrive
Le rite du rouge… mille fois répété

Et le cœur du taureau, tranquille et sincère
Qui se demande au début, pourquoi je suis là ?
Au milieu de ses « bons » convenables et fières
Qui attends le spectacle : la mort du Roi

Lui qui fut le Roi des plaines et des herbes
Dont les yeux regardaient au-delà des forêts
Et son cœur, si puissant, et ses cornes acerbes
L’Ours, le Lion… ne faisait que passer…

Devant lui, El Matador, sur de sa lame experte
De son geste parfait, de son esquive répété
Attendant là-bas, en statue presque inerte
Monument un instant, de la plus grande Fierté

De David qui soumettra ce Goliath de furie
De Prince attentant à la place du Roi
Cachant bien par derrière son écharpe rougie
L’épée, le couteau, le visage de sa foi…


Les voilà, tous les deux, dans la grande arène
A chances « égales » le cirque est parfait
Le Roi qui regarde ce monde obscène
Le Prince et « ses potes », prêt à l’aider…

Cette fois-ci, le Taureau, semble bizarre, plus sage ?
Cette écharpe misérable ne lui dit plus rien
Il regarde si triste par-delà cette l’image
Qui lui dessine orgueilleux, cet enfantin terrien…

Et il reste immobile…La Tribune s’énerve
Qui a choisi ce Sacré Taureau si placide ?!
Les picadors arrivent en bande et gerbent
Des flèches de leurs bouches sanglantes, avides…

Et le Prince agite toujours son écharpe
-Quel lâche ce Taureau ! Je vais le piquer !
Et le rouge et le sang inondent sa face
Et soudain il revoit, sa mère, son enfance

Son Ami, avec qui il voulait tant jouer…
Ce petit veau, ce Taureau, arrivant en transe
Au milieu de la foule levée qui s’élance :

« - A mort… Il est mort ! Olé - Olé- !... »

Il n’est pas mort ! Silence ! Encore il respire…
Taisez-vous, Silence ! Qu’on entende le son
De son cœur qui porte en lui cette corne,
Il revit son enfance, El Matador ! Soyez bons…


Allez, tuez le ( !) tuez tous ce « monstre »
Qui porte dans son cœur, brisée, l’épée…
Qui gémit… dans un coin de l’arène son sort
Agonisant… se levant et qui n’arrête de tomber…

Le Spectacle est là… pourquoi ce Silence… ?!
Criez maintenant ! Plus fort que la Mort ...Olé !