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Jacky GAUTREAU

Les belles parenthèses

Des seins comme des obus, une tranchée de braise,
Dans la moiteur exquise d’un été languissant,
Consacraient malgré eux le pic de la Fournaise,
L’éruption est de mise quand on n’a que treize ans.

Je ne me rappelle plus depuis quelle falaise,
Je scrutais ces ogives du côté de Royan,
Mon sexe était ému de voir pointer ses fraises,
Sous la belle chemise, par le vent, frémissant.

Je m’souviens d’la tremblade, de mes arrière-pensées,
D’mon p’tit bout d’innocence par sa lune, attiré ;
Mon cœur en cavalcade n’en pouvait plus d’sauter,
Quand vient la fulgurance, il faut pas la rater…

Alors passe le temps, j’suis d’plus en plus blasé,
Mais cette fille - fichtre dieu ! – ranime toujours la flamm
Une bombe à retardement que j’aime dégoupiller
Quand j’me sens drôlement vieux et qu’j’ai mes états d’âme…

Les femmes qu’on n’a pas eues, restent celles qui nous plais
Quand l’amour fait banquise, elles sont mon doux calmant,
Leurs galbes entrevus, les frissons de bien aise,
Les boutons friandises, les bouts d’langues sur les dents.

Si je ne compte plus le total des foutaises,
Des divines surprises, des fadaises d’antan,
Restent alors toutes nues, comme deux parenthèses,
Ces rondeurs qui m’attisent comme au tout premier temps.

Je déguste cette rasade de pudeur dérobée,
Je sens la frétillance dans mes extrémités;
D’une rare embuscade rejaillit à jamais
L’ultime résurgence de mon plus beau secret.

Je garde de cet instant de pure félicité,
Le souvenir précieux de ses ch’veux tout en flammes,
D’un pubis chatoyant inondé de clarté,
De son corps silencieux où perlaient mille larmes.

Je n’ai jamais revu mon unique charentaise,
Cendrillon qui me grise dans ses sables émouvants,
Ma beauté dévêtue a filé à l’anglaise,
Me laissant à sottise de jeune adolescent.

Quand j’ai l’cœur tout maussade, voilé de mille regrets,
Que ma mâle assurance retombe comme un soufflé,
S’estompent mes bravades, mes folles envies d’oser,
Finie la culminance de mes grands soirs d’été.

Les p’tits pas de géant pour approcher les fées,
Etaient c’qu’il y avait d’mieux pour chasser l’vague à l’âme
S’ils se noient dans le temps des années désertées,
Je garde – oh mes aïeux ! – leur indicible charme.

Des seins comme des obus, une fêlure de braise,
Dans la tiédeur fugace d’un été de naguère,
Consacraient tant et plus, le Piton d’ la Fournaise,
Il ne reste que la trace de leur tendre lumière…