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Ja MANDIN

TISSEUR

Hier
Je me suis assis
Je l’ai mémorisé
Je fus très vite édifié

Aujourd’hui
Ma convoitise
Me fait tisser les silences de son corps.

Chaque vêtement tombe
Comme une lame de ressort
Les tissus chantent l’apparence.

Elle est nue.
L’entrechoquement des idées et des chaleurs
Se mêle à l’eau de ses saveurs.

Elle se hisse sur la pointe des orteils
à ce moment
Dans l’élongation de son corps
Elle devient un métier à tisser.
Elle s’agrandit de quelques centimètres
Ouvre grands les bras et s’envole loin de mon canevas.
Délaissant mon burin dans un vide illettré
Elle se poste accroupie sur un rayon brillant
Ses formes s’étoffent de lumière.
Des ombres s’accouplent contre nature
à sa nature formelle des sombres
Des nitescences naissent
Telles des jumelles
Sur ses épidermes aux multiples peaux.
Des arabesques s’écoulent de ses yeux.
Ses os saillent comme des pédoncules
Et granitent ainsi ses soies.
Des petits bruits fermentent de trou en trou
Exhalaisons subtiles qui savent de quoi elles parlent.
Des tulles l’une sur l’autre drapent ses muscles arrondis.
Sa nudité s’habille d’elle-même.

La retisser devient nécessaire pour m’en souvenir.

Elle se relève sans lever la tête ni les bras
Des forces inouïes soulèvent son bassin
Le lustre extravague des neiges roses.
Elle est enfin debout
Rejette sa chevelure alezane
De bas devant à haut arrière
Elle est sculpturale
Ainsi drapée d’incantations.

Je suis à l’écoute
Tout devient évident :
Cette sculpture est à tisser !

Ce souvenir tramera une intrigue perpétuelle.

Son corps éclaire mes idées
Son plaisir à mes pieds se débobine
Mes outils en tombent
Une quenouille intelligente surgit dans ma main.