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J Ciaude DUMOLIN

Survol d'une rencontre

Fourmillant carrefour, récurrent espoir d'adolescents,
Où se frôlent des voyageurs venus du firmament,
Dans ces aéroports où la mosaïque des races,
Distille d'abscons langages, colorés et fugaces.

C'est dans cette cohue, qui piétine et ondule,
Qui s’embrasse s'enlace, se congratule,
Que je la vis me fixant assise face à moi,
âme septuagénaire qu'un hasard a posée là.

Le visage gercé, raviné de solitudes,
Tailladé par les ans et les incertitudes,
Elle semblait, oppressée dans une robe trop sombre,
Affectée par quelques secrets tapis dans l'ombre.

Elle crut voir en moi une certaine ressemblance,
Envers celui qui fût sa seule descendance,
Puis vint me confier son lourd fardeau amer,
Avec componction et pudeur d'un cœur de mère.

Dans le secret du bagage que réchauffait son sein,
Voyageaient les cendres de son fils décédé au loin,
Son unique enfant qu'un noble Dieu offrit,
Cet unique enfant qu'un Dieu inique reprit.

Ce garçon qui de son père ne l'aura connu,
Qu'au travers de rêves par la mère entretenus,
Déifiant cet absent occulte, par de pieux mensonges,
Que la candeur enfantine brodait en ses songes.

Deux êtres aimés, instables, avides d'aventures,
Auront creusé en son cœur de larges blessures,
Lorsque lâchement, l'amant délaissa sa famille,
Et quand l'enfant s'exila pour une idylle.

L'azur de ses doux yeux se troubla d'un voile humide,
Une larme creusa un peu plus la gouttière d'une ride
Alors, elle se tût enchâssée en sa chaise,
Devenue absente, comme entre parenthèses.

Seule face aux reliques posées sur sa cheminée
Elle discernera, sous son toit meublé d'obscurité,
Les vestiges d'une passion où se côtoieront réunis
Du fils les cendres, et du père, une photo jaunie.