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Hubert LEMARECHAL

Lucienne


J’aurais pu m’appeler Bernard Henri Krouchner,
Aduler les medias et me rouler par-terre
A chaque obus tombé sur Tousla ou Cythère,
Mais voilà, je ne suis qu’un pauvre homme ordinaire,
Un rustre, un ours, un plouc, les deux pieds sur la terre,
Et les mains dans la boue avec le cul en l’air,
Tirant sur mes bet’raves ou bien mes pom’ de terre.
Je me fous des Chinois, des Indiens, des Berbères,
Moi ce qui m’intéress(e) c’est boire deux ou trois verres
Avec l’ami Marcel ou le copain Robert
En causant des canards, du prix d’la pint’ de bière
Des spoutniks ou d’Lucienne avec ses gros roberts


J’aurais pu devenir extrémiste ou bien con,
Mais Lucienne elle est là et elle a dl’intuition.
Lucienne elle est pas belle mais tient bien la maison,
Lucienne elle est trop grosse et fait pas attention,
Quand on bouffe elle veut pas qu’il y ait restriction,
C’est pour ça que jamais je fais les commissions;
Elle dit comme pour le reste que j'fais pas attention,
Faire envie plus qu'pitié voilà son ambition.


J’aurais pu volleyer, handballer, footballer,
Courir dans tous les sens sur un stade enflammé,
Fair(e) de l’ombre à Guy Brut ou à Basile Pilé,
Mais voilà, je ne suis qu’un gros âne bâté,
Un Jean-foutre allumé, prolétaire exploité,
Les mains dans le cambouis de l’aube à la veillée,
A visser des boulons pour un boss mal léché,
De tout sport je me moque et n’en ai pratiqué
Qu’en fauteuil, éméché, rivé à la télé,
Un pastis à la main ou un whisky-Perrier,
Avec l’ami Bernard ou le copain René,
Rigolant sur Lucienne et sur ses gros nénés.


J’aurais pu devenir extrémiste ou bien con …


J’aurais pu militer pour un mond(e) progressiste,
Etr(e) de tous les combats, soutenir les grévistes.
Jadis quand j’étais jeune et un brin communiste,
Je faisais le baston avec les anarchistes,
Contre le capital et les capitalistes,
L’armée et la calotte, les fachos, les franquistes,
Aujourd’hui à quoi bon, la lutte me rend triste,
Politiques et banquiers, tous pourris, tous droitistes,
Y’a guère que Jean-Marie qui comprend les chômistes,
Qui comprend nos problèmes, comme avant les marxistes,
D’avant la gauch’caviar, d’avant les socialistes.
Sans Lucienne et ses seins je serais défaitiste.


J’aurais pu devenir extrémiste ou bien con …


Lucienne quand elle me dit que l’gros blond c’est un con,