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Guy RANCOURT

Les anémones, dialogue poétique

La petite Simone aime tant les anémones.
Cette gamine n’a que six ans à peine.
Elle est fille unique et si débordante d’imagination !
À tous les printemps, la fillette supplie sa maman :

- Viens avec moi près du ruisseau aux crapauds.
- Non ma petite Simone, je n’ai pas le temps.
- Maman, allons voir mes amies les anémones.
- Mais on y va presque tout le temps depuis une semaine.
- J’ai envie d’y aller encore une autre fois avec toi.
- Vas-y toute seule, j’irai te rejoindre plus tard…

Tête basse et penaude, la petite Simone descend la pente
Qui va vers le ruisseau plein de ouaouarons et
de grenouilles,
Puis s’agenouille au milieu d’une colonie d’anémones…
Elle s’amuse à leur raconter des histoires.

- Maman, maman, tu es venue me rejoindre !
- Oui, je ne voulais pas que tu restes seule
près du ruisseau.
- Mais je n’étais pas seule avec mes sœurs anémones !
- Je sais, je sais, tu es une grande fille maintenant.
- Dis maman, pourquoi j’adore tant ces jolies fleurs ?
- Je ne le sais pas, ma petite Simone.
- Tu es certaine maman que tu l’ignores,
toi qui sais toujours tout ?
- Non ma chère, je l’ignore to-ta-le-ment,
lui dit-elle en pouffant de rire.

Sa mère se tait et sourit en elle-même…
Comment aurait-elle pu lui dire toute la vérité
sans rougir :
Sa petite Simone a été conçue dans cette
colonie d’anémones là même
Près du ruisseau où la fillette est assise !