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Guy BIAUJAUD

Leçon d'avenir! 1/2

Jeune,
Tous les jours je te croise, moi promenant mon chien ;
Toi guetteur, tu veilles à ta réputation.
Vigile tu surveilles pour le compte des plus grands,
Plus fort, plus influents.
Ton avenir, s’il en est,
Sera de t’investir dans cette attente.
Mais où mène ce chemin dans nos cités-banlieue.
Est-ce donc là ton avenir ?
Tes portes de l’enfer! Même pas de petits boulots.
Tu te sens rejeté, inutile dans une vie,
Où tu n’as pas ta place.
L’école déjà prétendait te former ;
T’initier, te placer, te dompter.
Remplir ton cerveau, ou plutôt le modeler
Du moins t’offrir les clés des portes du futur.
Mais tu n’as pas suivi, et ils t’ont oublié.
Tu as décroché, tombé dans le désœuvrement,
Bien vite récupéré.
Est-ce là ta raison de vivre, la rue,
Ces halls d’immeubles.
Tu ne cherches pas la réussite, tu attends indolent.
Ton territoire est restreint, tes demain incertains.
Rassuré, sous la coupe de quelques grands,
Petits caïds de nos quartiers ils te rémunèrent,
Te donnent une importance ;
Pour installer leur emprise, pour dominer,
Et leurs petits trafics t’autorisent une rente complicité.
Ta famille c’est la rue, ton présent ce milieu.
Hier un moins que rien, tu te crois au faîte d’un réseau.
Heureux d’appartenir, simplement de servir.
Tu n’as plus de toi-même, sous leur coupe ils t’enrôlent.
Ils t’offrent une raison d’être, reconnaissance,
Te voilà investi.
Toi hier sans existence, tu trouves ici ta place.
Travailleurs de l’ombre ta vie se réduit
À ces quelques lignes, à ces moments d’illusions.
Passeurs de rêves, gardiens du temple, chacun à sa place ;
Quartier sous influence, à toi la surveillance.
Tu es le paysage, tout le temps rien à faire,
Rassemblement étrange, qu’attends-tu de demain.
Toi déjà sans passé, l’avenir incertain.
Exclu de notre monde, tu interpelles pourtant.
Ceux-là qui t’ont tendu la main te tiennent,
Te servent de béquille, complice ou pauvre âme perdue
Ton ennemi c’est l’ordre avec ses forces,
Et ces gens étriqués.
Au grand jour tu t’affiches, que peut-on te reprocher
Maillon d’un réseau souterrain, tu sais jouer les gros bras.
Chaîne d’un espoir pour certains ou désespoirs des autres.
Tous ces faux paradis.