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Guy BIAUJAUD

A Danièle

Tu m’as aimé, et l’as avoué l’espace d’une soirée,
Tu avais bu, je ne peux l’ignorer ;
Mais ça ne peux tout expliquer
Et ta sincérité pourquoi te la reprocher.
Ivre tu as glissé, comme le bateau tu t’es laissé emporter
Par le flot de tes tumultueuses pensées.
Ce reproche de n’avoir pas craqué ;
Mais tu étais tempête et j’aurais pu flancher.
Pourtant j’étais trop bien arrimé,
Je t’avais peut être trop pratiqué
J’aurais été ta bouée pour un soir,
Tu sais, ce quelque chose auquel tu cherches à t’accrocher,
Ou ce phare à la fois mirador et point de mire.
Tu dis non, tu refuses et puis rejettes tout.
Tu balances sur la houle et, marine préfères grise mine.
Tu sais pourtant être brillante, miroiter sous la lune,
Rêver la l’assaut de fugitives dunes,
Allumer tes feux de détresse, et malheur
A qui peux les capter.
A moins que de toi-même tu ailles à l’abordage
Précipitant tes victimes sur des récifs,
Dans un abîme insondable
Marée lunatique qui brise ses flots,
Rocs coraux rocs, rien n arrêtes ton éternel balancement.
Tu tourbillonnes rageuse et repars alanguie
Ou tu roules inonder quelques landes arides
Brutale tu nous suffoques, ou câline à nos pieds
Sans cesse recommences une nouvelle virée.
Et si petit bouchon tu fais mine de couler,
tu repars toujours bien ballotté
Si l’on rêve de te voir happée, tu resurgis,
Toujours bien balancée
Alors on fuit, car on vacille, vertige ;
Pourtant si hypnotisé on s'entête,
Nos yeux se brouillent on croit que tout s’arrête.
Si simple curieux on espère ce moment qui te fera chavirer
Tu es mer et vagues, et moi poisson ;
Et si des fois tu me submerges
N'oublie pas que je suis dans mon élément comme toi,
Tu es ce qui me fait vivre, je justifie ton état,
On ne peut y échapper
Alors écoutes moi gober tes tourments et puis m’en contenter
N’ai aucune colère, ni trouble,
Gardes ta fraîcheur, ta transparence
Continue à nourrir ce plancton qui te permet de te régénérer
Et ne t’inquiètes pas pour ces rochers
Puisque tu les rendras sable.

Paris le 18 février 1986.
A Danielle, mon amour adoré.