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Giovanni BENINI

Un carnaval à Venise

Les doges de la Sérénissime s’affligent,
Les eaux glauques de la lagune se morfondent,
Quelques gondoles, ces fiers cygnes noirs se figent,
Le ponte dei Pugni se tord et bientôt gronde.

Pateh Sabally s’est noyé dans les hauts flots
Sous les regards indifférents de vains badauds.

Orgueilleuse Thétis issue des océans
Qui se dresse avec sa tiare de tours baroques,
Le Tasse ne chante plus tes exploits d’antan
Que viennent souiller des grouillements de nostoc.

Pateh Sabally s’est noyé sans un seul mot
Avant les frasques du carnaval des falots.

Si Shylock l’usurier réclamant de la chair
Auprès des ducs fauchés aimant la bonne chère
Avait déjà terni les splendeurs du Titien
Ce n’était qu’un prélude à l’atroce destin.

Pateh Sabally s’est noyé de tous ses maux
Alors que ricanaient de hideux animaux.

Peut-être cherchais-tu le bon Samaritain
Dans la cité lacustre où prient de bons chrétiens
Pourtant ce sont les flèches du saint Sébastien
Qui ont transpercé ton pauvre cœur d’Africain.

Pateh Sabally s’est noyé dans ses sanglots
Sous les masques des loups qui ont hurlé haro.

Mais si là-haut tu es près du père éternel
Puisse-t-il te montrer en dessous de son ciel
Cette Venise s’enliser dans ses canaux,
Couler au plus profond de ses fétides eaux.