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Giovanni BENINI

Son dernier baptème

Hérode contemplait les flots bleus des sommets,
Les brumes flamboyaient en dévoilant l’aurore,
Monstrueux, un œil rouge apparu sur Endor
Antipas frissonna, quitta le parapet
Et il se rappela ces prunelles de feu,
Cette voix grondante, ce doigt accusateur
Qui venait du désert haranguer les pieux,
Dénoncer l’adultère, révéler les horreurs.

« Danse ici Salomé, danse serpent fugace,
Danse sarabande de ces désirs atroces ».

Hérode, Hérodiade et cet autre Hérode
Ne formaient-ils donc pas un Cerbère hideux,
Où chacun imitait ce que l’autre, envieux
Cherchait à obtenir dans ce qui se dérobe ?
Un infernal ballet, un théâtre cruel,
Une dramaturgie où le mal étincelle,
Devenus tous rivaux, guidés par le destin,
Ils se voulaient divins et n’étaient que pantins.

« Danse ici Salomé, danse poisson vorace,
Danse sarabande de ces désirs fugaces ».

Enfants des ténèbres, il vous fallait cacher
Ce verbe lumineux venu vous tarauder,
Vous l’avez enclos dans la fosse de l’oubli
Espérant échapper à son puissant mépris
Mais comme le scorpion qui répand son venin,
Dans vos coeurs endurcis, son logos souverain
Creusait avec douleur une plaie incurable
D’où sortaient purulents vos péchés exécrables
Que la myrrhe et l’encens ne pouvaient dissiper
Tant l’odeur de vos crimes continuait de régner.

« Danse ici Salomé, danse poussin féroce,
Danse sarabande de ces désirs voraces »

Un festin somptueux pour simuler la paix
Où la haine polit le fourreau de l’épée,
La pucelle avance, se trémousse et sautille,
Flamme ensorcelante qui sature l’envie,
Il faut à Hérodiade, à ses autres sosies
Un digne sacrifice où périt l’innocent,
Ils seront apaisés pour encore un moment
Et vice suprême, l’enfant l’a donc choisi,
Sa tête sur un plat acheva le banquet,
C’est dans son propre sang que Jean fut baptisé.