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Giovanni BENINI

Sextine nocturne aux enfants morts

Un seul épis dans la lumière, un rêve d'or
Jeté des bouches d'ombre et leurs lèvres terreuses,
La dame noire aux larges flancs en est la mère,
Et donne la vie dans les ténèbres féroces,
Parcourt les champs des morts et sème les vivants,
Car ce qui croît ne reste pas toujours debout.

Un seul épis dans la lumière est bien debout,
Le pêcheur de la nuit jette ses filets d'or,
Pourra-t-il attraper le rêve des vivants
Qui voudraient échapper à ces lèvres terreuses ?
Et bientôt souffleront les ténèbres féroces
Tandis qu'au nourrisson va gazouiller la mère.

As tu ouï au loin le long chant de la mère
Qui cherche dans les champs son bel enfant debout?
Hélàs s'éteint le jour dans les rumeurs féroces
Des lourdes ténèbres qui ont pillé cet or,
Ce bel épis soufflé par des lèvres terreuses,
Venu des profondeurs pour nourrir les vivants.

La cruauté tapie sous les grands prés vivants
Va s'abattre malgré les plaintes de la mère
Qui iront s'égarer dans les bouches terreuses
De tous ces gisants qui furent un jour debout
Même si dans leurs yeux brillent des pailles d'or
Les ténèbres sont là dans leurs rumeurs féroces.

Regarde donc ces vies qui s'agrippent féroces
A chaque racine sous les grands prés vivants
Où poussent scintillants des rangs de boutons d'or,
Vite, ils seront portés dans les bras de la mère
Qui rêve encore de son bel enfant debout
Depuis longtemps saisi par tant de mains terreuses.

La campagne s'est tue, quelques ombres terreuses
S'enlisent dans les prés où vont grouiller, féroces,
Les rêves courroucés des fils jadis debout
Qui jouaient dans les vents tels des épis vivants
Quand ils étaient bercés par les chants de la mère
Qui s'envolaient là haut comme des nuées d'or.

D'autres épis en or nés de bouches terreuses
Que souffle la mère dans ses désirs féroces
Viendront danser vivants et se tenir debout.