Vos
poèmes

Orphée déchiqueté par ces bacchantes folles
A coincé son majeur dans sa lyre d’Eole,
On entend s’esclaffer sur sa barque lunaire
Charron le psychopompe en visite aux enfers.

Raspoutine égrillard taquine des lézards
Tout en engloutissant un plat de fèves noires,
Voici Don Juan et sa jarretière rouge
Qui toise avec dédain une mutine gouge.

« Dura legge d’amor** » se lamente un dragon
En voyant Andromède accoudée au balcon,
Chevauchant des hippopotames imbibés,
Les Walkyries, à Wagner, font un pied de nez.

Mais voilà la légion des pires réprouvés,
Le salace Azazel, Belzébuth l'embourbé,
Bélial le suborneur, Belphégor l’orgueilleux ,
Baphomet aux seins verts et Baal le scrofuleux.

Conduits par Lucifer et son affreux Cerbère,
Lilith et le vieux Pan s’abouchent impudiques,
Léonard tout visqueux mortifie, vieux pervers,
Le Moloch assoiffé du sang des pacifiques.

Ô malheur, je les vois qui accourent vers moi
Vade retro ! Horreur, ô mon Dieu, aidez-moi !
Dans un grand vacarme, je tombe tout en bas
De mon lit, en sueur et les deux bras en croix.

Encore frissonnant, j’ouvre le grand rideau
Croyant me consoler avec ce ciel si beau
Mais le pire était là, dévalant la colline
Une horde écumante avançait en sourdine.

Vladimir et Bachard, Donald Trump et Kim Jong,
Orban, Compaoré, Zénaoui, El Béchir,
Des démons acharnés, des horribles King Kong
Un cortège dément, abject, aux vils sourires

C’est alors qu’une voix me dicte ma conduite
Certes, sans courage, l’éloge de la fuite :
« Vite, vite, replonge-toi sous les grands draps,
Les cauchemars au moins, eux, ils n’existent pas ! ».

*A la queue se trouve le venin
**La dure loi de l'amour.