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Giovanni BENINI

Ne t'inquiète pas, Kevin

Ne t'inquiète pas Kevin
Quand tu sortiras de St Gilles*,
Ce cancer carcéral putride,
Tu retrouveras ton banc public,
Tout vermoulu, plein de dégueulis,
On ne s'y bécote plus comme Georges l'a dit.
Tu traîneras tes guêtres de margaille
En mendiant un boulot de mandaille
Mais avec ta tronche de péquenot
Et ton blase de limaçon,
Il ne te fera pas de cadeau,
Tu bosseras parfois en black
Dans des troquets bourrés de mac,
Tu te feras pincer par les homards,
Non les poulets, là, je m'égare.

Tu auras trouvé une piaule sublime
Tapissée de cafards pornographiques,
Tu auras même des copains à queue molle,
Des rats goutant tes chiffons pouacreux,
Tu n'auras pas droit à une gonzesse
A part la gueuze des mercenaires
Mais comme tu n'es pas communiste
Tu resteras seul avec ta saucisse.
Tu iras revoir tes vieux mégots
Qui ont donné leur ciboulot
A Alzheimer, ce sale pervers,
Bouffeur de cerveaux au vin aigre,
Quant à tes sisters et frérots
Qui ont tété le même sirop,
Ils sont partis incognitos
A la poursuite des vermisseaux.
Parfois tu as appelé La Faucille
Une aide soignante aux dents de scie
A coup de cutter ou de pastilles
Mais les blouses blanches t'ont baxtérisé
Pour te replonger dans le fossé
Où les blousons noirs te reluquaient
Dans ce purin des mal-armés.

Ne t'inquiète pas Kevin,
Tu referas bientôt le boucardier,
Ici, au castuc, on t'attend,
On a gardé ta paillasse au chaud,
Toute frémissante d'asticots,
Tu pourras pêcher les arêtes
D'une morue à barbichette
En sifflotant comme un moineau
Dans ta cage aux fringants balançons
Car ici quand a gouté,
On revient toujours déguster,
Je ne sais si on peut parler d'amour
Mais on est fidèle en claustration.

Ne t'inquiète plus Kevin,
Ici tu es chez toi,
Les matons, les tontons et tantouzes,
Les pédos, les momos, les zozos,
Les glissants, les prozaks, le picton,
On t'a à la bonne, mon cochon !