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Giovanni BENINI

Mawda

La nuit a recouvert les murailles d'Erbil
Car tes yeux d'iris noir ne pourront plus s'ouvrir,
La montagne Halgurd et ses parfums subtils,
Tu n'en graviras pas les hauts flancs en soupir,
La cité Kamyaran et ses cascades d'or
Que poudroie le soleil de sa lumière ardente,
Ouraman, sa rivière où se baigne l'Aurore,
Les forêts de Baneh aux licornes brillantes,
Ces merveilles Mawda, tu ne les verras pas,
Ces merveilles Mawda tu ne les vivras pas.

Tu seras inhumée dans un vieux cimetière,
Dans un morne pays sombre comme une mine
Tu n'avais que deux ans, tu fuyais la misère,
Dans un camion rouillé, tu jouais l'arlequine,
Les gardiens de la paix vous suivaient si féroces
Tels ces anges cruels qui chassèrent Adam,
Pas de paradis, ni trêve pour les migrants,
Une balle est partie dans ce jeu trop atroce,
Tu jouais l'arlequine et ta joue a rougi
Mais l'article de loi est très clair en ce cas,
Oui, l'agent de l'épée peut dégainer s'il croit
Qu'une pauvre gamine est un risque inouï !

Tu seras inhumée dans un vieux cimetières,
La couronne payée par notre ministère
Mais j'ai honte Mawda, oh, j'ai honte pour nous,
Pour ce triste pays envahi par les loups.
Ces merveilles Mawda, tu ne les verras pas,
Ces merveilles Mawda, tu ne les vivras pas.