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Giovanni BENINI

L'horloger

Tel un automate s’agite l’horloger
« Si je compte le temps, hélàs, il m’est compté ».
Que cherchait-il penché sur ces subtils rouages ?
Imprudent aveugle que fascine un mirage.
La cité s’inquiétait de la voir si fébrile,
Cloîtré dans sa loge tant de nuits, indocile,
Chacun s’interrogeait et s’il venait un jour
A irriter Chronos en trafiquant les heures
Qui saurait encore le moment du bonheur,
La minute rêvée qu’ envahit un amour ?
Lui, contemplait ravi les ailes irisées
Des filles du printemps qui s’envolaient pâmées.
Parfois, il psalmodiait quelques hymnes sacrés
Et puis s’en retournait à son labeur secret.

Arriva un dimanche à l’heure des matines,
Le prodige exalté,pénétra le lieux saints .
Et devant l’assemblée qui bruissait des comptines
Il brandit un coffret précieux comme un écrin
S’exclamant tout fiévreux : « Voici mon don divin ! ».
Un papillon radieux aux éclats de satin
Voltigeait dans les airs au milieu des cursives
Enluminait la nef, le retable massif,
L’ombre des ouailles se reflétait furtive
Sur le haut crucifix où souffrait le fautif.

L’elfe merveilleux se posa sur la main
D’un morveux patelin au rire carnassier
Qui l’écrasa soudain dans un fracas d’acier,
Tous furent médusés par ce geste malsain
Or, sur le sol gisaient quelques bouts de ferraille,
Alors un cri honteux ébranla les vitraux
« Je vous ai donné vie et maintenant le beau
Que vous avez détruit, ô maudites canailles,
A jamais vous serez de médiocres pantins ! »

Bientôt tout s’arrêta, plus aucun battement
D’horloges ou de cœurs, rien que des mannequins
Et ce pauvre horloger comme le seul vivant.