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Giovanni BENINI

Les tragiques:Tancrède1

Au fond de la ville, dans une impasse obscure
Où chaloupent les corps de sirènes impures,
Où la nuit aveugle hurle ses durs blasphèmes
Sur d’infâmes pouacres, enfants de Polyphème
Que cherches-tu, Tancrède, une issue au malheur,
Toi qui tuas l’amour pour quelques vils honneurs ?
Une porte, un chemin et te perdre à jamais
Dans ces longs dédales de pleurs et de regrets,
Veux-tu les retrouver ces bleus sentiers d’antan
Quand la pluie tournoyait au gré des sifflements
Des vents tumultueux issus de ton cœur sombre
Qu’étreignaient des passions semées dans la pénombre,
Veux-tu les entendre dans la triste ruelle
Ces cris abandonnés des jeunes hirondelles
Qui buvaient dans tes mains les larmes de l’aurore
Et reflétaient tes yeux dans leurs pupilles d’or,
Ces glas du forgeron quand brulaient les ténèbres
Sous les coups du marteau précis comme une algèbre
Ou ces mornes cyprès qui grinçaient sous la lune
Telles les Grées talées dans leurs orgies nocturnes ?

Car ton âme, Tancrède était bien tourmentée,
Tu ne pouvais souffrir qu’elle soit abîmée,
Tu la voulais si pure et la souhaitais si noble
Tel un raisin précieux dans un radieux vignoble,
Tu la rêvais égale à ces Dieux souverains
Combien insensibles aux désordres humains,
A cette perfection que d’aucuns t’enviaient
Tu voulait un miroir qui serait son reflet,
Quand la belle Myrtis éclipsa le soleil
Tu sus qu’un vrai amour pénétrait ton sommeil
Et quel enchantement quand tu pus la charmer
Ce fut comme un trophée qu’il fallait exhiber
Aux yeux de tes amis, dans leur ravissement,
Ils restaient pétrifiés du coucher au levant.
Et toi qui t’aimais tant dans leurs regards perdants
Ne cessais t’attiser leurs désirs véhéments
Ils redoublaient ta joie d’être le possesseur
De ce vivant portrait, témoin de ta splendeur.