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Giovanni BENINI

Les sortilèges de la nuit: Le rêve d'Astérion

« Ô ivresse, ô vertige, emportez mes grandes ailes
Sur ces mers de nuages où tournoient les gerfauts,
Que j’y nage ravi, loin de ces caniveaux
Où rampent des hères qu'un cruel sort flagelle.

Je m’étais égaré dans ces sombres dédales,
Là, séjournait un monstre engendré par le vice,
Son souffle fétide se mêlait à mes râles
Et nos ombres confuses pressentaient les supplices.

Car nous n’étions pas seuls en ce froid labyrinthe,
Mais, nos beaux visiteurs succombaient dans l’horreur,
Alors que nous cherchions à combler leur bonheur,
Ils s’enfuyaient, hurlant, dans la lugubre enceinte.

Les couloirs tortueux n’étaient plus qu’abjection,
Un ossuaire infect où régnait l’affliction ,
Où les murs gémissaient tout ruisselant de pleurs
Et le temps se perdait dans l’horrible demeure.

Quelquefois, nous tombions dans une léthargie,
Attendant l‘archange qui nous délivrerait
Ou errions mi-conscients, vivant une agonie,
Ne sachant plus qui de nous deux était damné.

Quand un glaive de feu divisa nos entrailles
Enfin me libéra, je franchis les murailles
Je m ‘envolais trop haut vers l’astre de lumière
Qui me brûla si fort, je chutais vers la mer »…

« Etrange créature, affreuse et misérable,
Ces yeux me suppliaient, était-elle coupable ?
Tandis qu’elle mourait, elle priait un Icare
Comme un double rêvé, tombé dans une mare ».

Ainsi songeait Thésée, encore tout ébahi,
D’avoir vaincu la bête sans émettre un cri,
Tout en serrant ce fil qui menait à bon port,
Il regarda, contrit, ce pauvre Minotaure.