Alchimiste, astrologue, arrogance létale, Ces cuves et athanors où tu fabriques l'or Ne peuvent satisfaire ton désir fatal De trouver l’élixir qui domptera la mort. Quand la griffe du cauchemar tourne les heures, Comme un fœtus avachi qui se réfugie Au fond d'un berceau noir où transpire la peur, Tu maudis ce jour effroyable où tu naquis. Les manuscrits interdits et autres grimoires Forment quelques vaines buées sur ton miroir Que ton désespoir a plusieurs fois morcelé Telle l'image d'un corps déjà disloqué.
Que l'univers épouvanté n'ait plus un havre Livré au scalpel de ton esprit torturé, Que la matière disséquée tel un cadavre Rêve de vengeance et autres calamités, Rien n'aura raison de ton funeste labeur D'invoquer nuit et jour les forces infernales, De pratiquer des rites au comble de l'horreur, De semer le chaos, les ténèbres vénales.
Un souffre méphitique souffle et siffle fort, Un rire sardonique dans ton cœur s'immisce : « Faust, Faust, je suis le prince aimé des maléfices » J'ai si soif d'innocence tant mes crocs l'adorent ! Que ferai-je donc d'une âme aussi corrompue ? Il n'en reste rien sinon cette odeur qui pue, Mais console-toi, tous les siècles à venir Chanteront ta gloire, t'élèveront martyr Et ton effigie tellement représentée Sera le gage de ton immortalité ».