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Giovanni BENINI

Les maisons: L'enfance

Sa chevelure verte filait sous nos pas
Elle offrait des halliers aux baies rubicondes
Des mares vaporeuses coassaient plus bas
Dans les roseaux bruissaient des ailes vagabondes
Ses vergers rutilants ruisselaient de joyaux
Qu'on croquait joyeux tels les frères de la côte
Prairie ! Circé aux yeux de coquelicot
A l'haleine d'aube, de fraîcheur qu'on sirote
La prairie et ses grands bouquets de pierreries
Comme les vitraux enflammés des cathédrales !
On chassait tes trésors en sonnant l'hallali
On rampait sur tes flancs comme un brillant cristal
En suivant les empreintes des rouges limaces
Feu d'artifice ! Tes couleurs rêvaient l'espace
Envoûtaient le temps assoupis dans les collines
Quand le midi brûlait les allées sanguines
Nous traquions nos ombres en tournoyant sans fin
Pareil à la sarabande des diablotins
Parfois des papillons en leur robe de feu
Se mêlaient avec ravissement à nos jeux.
Tels l'âne d'Apulée ou les marins d'Ulysse
La prairie changeait nos formes avec malice
Mohicans cruels aux mustangs ensorcelés
Conquistadors enfiévrés par l'or pourrissant
On s'effrayait de nos dramaturgies osées
Sous l'ombelle des nuages si nonchalants.
Quand la dame en noir déployait sa pèlerine
Des somnambules aux yeux de lune sur les branches
Scrutaient la nuit dans l'attente d'une avalanche
D'étoiles vibrantes ou de comètes orphelines
Au loin, alors des voix inquiètes nous hélaient
Un doux frisson parcourait nos corps éreintés
Nos gracieuses Hestia, servantes des foyers
Ouvraient leurs bras, nobles statues crucifiées.