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Giovanni BENINI

Les âmes perdues

Ils venaient de l’écume où se forment les rêves
Des lézards azurés ruisselant de joyaux
Que des éclairs brillants comme d’antiques glaives
Avaient jeté d’un ciel aux ailes de corbeau.

Ils avaient traversé des océans de brumes
Aux pleurs des étoiles noyées sous les coraux
Qu’ils avaient emportées sous leur sombre manteau
Quand ils cherchaient la nuit où tous les morts exhument.

Ils avaient célébré les printemps corrompus
Dans les yeux des filles penchées à la fenêtre
Où roulaient des soleils qui ne reviendront plus
Et ces parfums cruels quand ils vont disparaître.

Ils suivaient des sentiers sans cesse en échappée,
Ils entendaient l’écho des glaciers morfondus,
Le chant navré du coq quand l’aurore n’est plus,
Ils grimpaient des sommets qui partaient en fumée.

L’orage fulminait dans leurs vives prunelles
Quand passaient accablées les mille vierges folles,
Des tresses d’aubépine accrochées aux nacelles,
Fuyant les vents furieux sous la froide coupole.

Puis, ils se rappelaient de toutes ces idoles
Devenues des ombres au fond du souvenir
Qui parfois gémissaient en leur dernier soupir
Et remuaient en vain dans l’obscure carriole.

Ils étaient orphelins de grandes catastrophes
Errant, déracinés sur un rivage mort,
Ils regardaient le ciel en tristes théosophes
Qui ne voyaient de Dieu que quelques sillons d’or.