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Giovanni BENINI

Le monstre

Nul ne doute que l'humanité soit féconde,
En apprenti-sorcier aux semences immondes,
Du Baal qui accueillait avec chaleur ses hôtes
Aux bals des vampires où s'agitent des labres
Dans les résidences des vieilles Hottentotes
Ou dans les séniories de suants barbons glabres.
L'hydre et le cerbère terrifiaient les cadavres,
Hécabe la perfide ingérait des viscères,
Des réfugiés transis avalent des couloeuvres,
Les faubourgeois bouffis colligent les cancers.
Typhon aux yeux de feu affolaient les étoiles,
Echidna la siffleuse engendrait des mygales,
Matthew, l'ouragan blanc des climato-sceptiques
Embrasse goulûment les atolls des tropiques,
La valse débridée des particules fines
Asphyxie les agneaux perdus dans les vitrines.
Que dire du Shiva et son lingam immense
Qui perçait l'univers dans ses fiévreuses transes,
Du Bagri Maro fou piétinant les pleureuses
Alors qu'elles cueillaient des bouquets de scabieuses,
L'ogive nucléaire en champignon toxique
Répand dans les déserts ses vapeurs délétères,
Des rapaces furtifs déversent sur les terres
Leurs oeufs incendiaires aux effets tectoniques.

Tous ces monstres sournois peuplent nos nuits atroces
Et les rêves déments des mégalos féroces
Pourtant il en est un qui les surpasse tous
Et provoque en chacun d'effroyables secousses,
Des crises d'hystérie, des jurons de colère,
Indignations, complots, on ne peut s'en défaire,
Il est partout, chez nous, dehors, même sous terre,
Dans le pain quotidien ainsi que dans nos verres,
La barbie des enfants, le dentier de grand-mère,
Le lipstick de Païva et le rasoir d'Occam,
Les clous de la croix et la botte de Nevers
C'est lui, l'archidémon qui orchestre nos drames,
Qui donc ne le connaît, c'est l'IMPOT, c'est l'infâme !
Indestructible horreur, cauchemar permanent,
Viles tentacules, depuis plus de mille ans,
Tu enserres nos vies et tu sapes nos âmes
Tu rends à ceux du haut et prends à ceux du bas
Tu prétends être juste, allons ! Qui donc te croit ?