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Giovanni BENINI

Le marathon de millions d'années.

Elle courait à vive haleine,
Elle courait quelquefois avec peine,
Elle poursuivait le vent
Qui avait dérobé ses années,
Elle poursuivait le temps
Qui dévalait de longues vallées
Parfois un coq à la crète dorée la hèlait
Et la voilà enfant à la blondeur du blé
Parfois c’était un coq couleur de rouille,
Elle se ridait alors chenue comme une quenouille.
Quand, avec son attrape-rêve,
Elle amarrait toutes les heures,
C’était l’extase sur la grève
Cet instant où le soleil rougit son cœur.
Chaque saison la surprenait
Tandis que toujours elle tournait,
L’hiver, elle se blottissait
Sous le blanc duvet des effraies,
Le printemps, sur des ailes en nuée
Elle embrassait les aubes tout égayées,
Puis éclataient les feux de l’été,
Les élytres des grillons la reposaient
Et dans les feuilles devenues rousses
Elle s’enroulait la mort aux trousses.
C’était la terre, toute vibrante
Quand elle était si turbulente!
La voici maintenant à nos pieds,
Nous, ses innommables héritiers
La voici maintenant domestiquée
Comme une lionne dénaturée
Mais dont les rugissements parfois
Nous font toujours frémir d’effroi.