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Giovanni BENINI

Le dit du vent ( A Coleridge).

Au jardin des allongés, un soir
Où la bise jouait avec les fantômes
Cachés au sommet des ifs tourmentés,
Un souffle glacial
Qui balayait la plaine blanchie
D'un reflet lunaire
Me confia cette histoire :

« Au travers des brumes fatales,
Dans une nuit de cristal
Balançant tel un éléphant
Cheminant vers son enterrement,
S'avançait fière,
La nef prisonnière
Des flots ombrageux
Croulants, vertigineux ».

« Nous irons conquérir les mers,
Nous franchirons les portes de l'enfer
Et l'arche incandescent de l'univers,
Malgré l'appel des sirènes
Malgré les crocs des murènes ».

« Vains matelots
Que reste-t-il de vos échos ? »

« Sur le pont empli de tumulte,
Des cris voraces retentissaient,
Des rêves de conquête se bousculaient
Dans un tourbillon de lames.
Mais le sable inexorablement coulait
Savourant sa certaine victoire
Et les flots déchaînés orchestraient
L'inévitable désastre annoncé ».

«Impavides, nous irons explorer
Les cratères sans fond de Neptune
Nous irons, avides, rouler
Dans les anneaux enlacés de Saturne
L'univers à jamais
Se prosternera à nos pieds ».

« Vains matelots
Que reste-t-il de votre ego ? ».

« Sur le pont désolé,
Les mânes inquiètes
De l'équipage errent en suaire
Couverte d'écume,
L'amirauté en démence
Se morfond dans son impuissance ,
La mort et la folie,
Ces redoutables harpies,
Ont joué aux dés
Le sort en est jeté. »

« Nous n 'irons plus jamais
Embrasser l'humble rosée,
Nous ne goûterons plus jamais
Aux fruits limpides des vergers,