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Giovanni BENINI

Parallaxe

Les vois-tu revenir ces princes redoutables
Sur leur chevaux de feu, de nuit et de tempêtes,
Qu'auront-ils découvert dans la cité des sables
L'ultime vérité de toutes leurs conquêtes ?
Ils avaient traversé la forêt des cyprès
Où rôdent les ombres de âmes tourmentées,
Les bises glaciales les avaient emmenés
Dans la lande nocturne où sanglotaient les fées
Des enfances flétries dans un puits asséché
Que l'aile des aigles ombrageait par instant.
Ils avaient entendu sonner les cors puissants
Comme des éléphants hâbleurs et courroucés,
Etaient-ils invités à une grande chasse
Qu'avait organisée un mystérieux seigneur,
N'avaient-ils pas compris, ces nobles Lovelace,
Qu'ils étaient les gibiers et plus les prédateurs ?
Car le traqueur n'était que leur mort implacable
Les suivant patiemment depuis qu'ils étaient nés,
Elle était le secret de leur quête insondable,
Celle que tout enfant, souvent ils invoquaient.
Le jour était venu et leur temps révolu,
Ils ne purent pourtant jamais s'y résigner.
Ainsi, quand vient l'hiver et ses obscures plaies,
On entend un galop parcourir les champs nus
Et quelques cris rauques qui poussent l'hallali,
Mourant dans le lointain, victimes d'un déni.

Oyez, vous, giboyeurs, oyez, n'oubliez pas,
Votre ultime chasse, vous en serez la proie.