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Giovanni BENINI

L'atelier de sculptures

Allons, pressons et soyez sans façon
Ici entrent toutes les illusions,
De l’aventure, de la culture,
Du raffiné voire du fumet ,
Chacun y trouve ce qu’il éprouve,
Il suffit de choisir l’image d’un désir.

Je sculpte chaque jour des formes d’existence,
Que vous pouvez louer au prix d’une pitance,
Quand on n’a qu’une vie, on en rêve bien d’autres,
Vous en aurez plusieurs pour oublier la vôtre.

De Gengiz Khan à Graziani,
D’Hérode le grand à Joseph Joffre
Qui veut jouer aux massacreurs des innocents
C’est si facile, vous êtes toujours gagnant !
Qui n’a rêvé d’un jour de gloire,
De franchir le seuil de l’histoire
Qui, depuis toujours est ainsi faite,
Que seuls les vainqueurs font la fête.

Allons,allons,dépêchons-nous et que ça roule !
Choisissez donc ce qu’il vous faut parmi ces moules.

De Spartacus jusque Jean Hus,
De Louverture à Ben Barka
Qui veut jouer à qui perd, perd,
Il n’y a pas de mise , aucune surprise !
Qui donc n’a pas eu peur un jour
D’être le perdant pour toujours,
Mais dans ce monde virtuel
Vous ne vivez que d’irréel.
Profitez-en, quelle expérience
De simuler de la souffrance !

Allons, pressons, soyez sans façon
Ici je moule des illusions !

Bonimenteurs baveux aux foires médiatiques,
Anarchistes infatués des messes cathodiques,
Embobineurs de badauds ébahis
Enfourchant les balais de la Béotie,
De Michel Onfray à Phillipe Val
Rejoignez sans hésiter cette chorale,
Vous préférez les faux philosophes,
Les vrais pédants aux abois atroces
Ou ces bouffons qui gloussent dans l’arrière-cour
Des retransmissions des catastrophes du jour ?

Allons, allons, décidez-vous
Je sculpte pour un petit sou.

Tronçonneur de trompes reconverti
En pompeur de Phynances, averti,
Che Gévariste amadoué
En représentant de bérets,
Ancien Punk ensauvagé
Maintenant coiffeur pour lévrier,
Ou militant écologique
En mirliton mondain,
Bourlingueur héroïque
En cul de jatte hautain,
Noctambule zappatiste
En dompteur de puces électroniques,
Libertaire un peu lubrique
En missionnaire papiste
Ou babouins chicaneurs
En horde de supporteurs…

Je sculpte chaque jour des formes d’existence,
Que vous pouvez louer au prix d’une pitance,
Quand on n’a qu’une vie, on en rêve bien d’autres,
Vous en aurez plusieurs pour oublier la vôtre.
En ces temps où chacun ressent cet arbitraire
D’être né importun, enchaîné à la terre,
Un nom, un seul destin, là voilà la misère !
Je vous modèle donc autant de personnages
Que vous pourrez jouer dans vos marivaudages
Ou dans des tragédies quand vous en aurez l’âge,
La vie est un théâtre où d’aucuns tour à tour,
Qu’ils soient metteur en scène ou acteur de faubourg,
Vont s’applaudir bien seuls, juste à la fin du jour,
Quand tombe le rideau, qu’ils font leur dernier four…