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Giovanni BENINI

In Ecclesiam nulla salus

Au sein du vatican, la curie se prélasse,
Elle a enfin trouvé un évêque abstinent,
S'il est au tribunal pour quelques blanchiments,
Il pourra s'exhiber sans un geste salace,
L'église est en souffrance, elle est stigmatisée,
Ses plaies peu visibles l'empêchent de siéger,
La voilà variciée, le fessier en panade,
La vierge s'est cachée, mise en capitolade,

Que faisaient les Borgia sinon des Bacchanales,
Où dormaient les abbés au temps des cathédrales ?

Le clergé cependant s'est toujours sacrifié
En s'accordant, contrit, l'esprit de charité,
Qui a bon entendeur commence par soi-même,
Pour aimer les autres, il faut d'abord qu'on s'aime,
Sachons s'agenouiller devant ce Dieu lointain,
Mais aussi soulager son nubile prochain,
Alléger son fardeau par multes pénitences
Sur son corps dénudé offert aux expériences.

Que faisaient les Borgia sinon des Bacchanales,
Où dormaient les abbés au temps des cathédrales ?

Satyre et sodomite, inverti et pervers,
Vous qui avez goûté au plaisir des bûchers,
Soyez tous apaisés, vous voilà justifiés,
Avec tant de dénis, Rome vous a couvert,
Enfin à demi-mots car tout n'est pas permis
Ce qui choit in domo est bien sûr pardonnable
Mais Extra Ecclesiam, le même est condamnable...
« Hypocrite » aurait dit le crucifié béni.

Que faisaient les Borgia sinon des Bacchanales,
Où dormaient les abbés au temps des cathédrales ?

Mais ne faudrait-il pas accorder l'indulgence
A ces divins enfants prépucément sevrés
Qui n'auront pas franchi malgré leur obédience
Le fameux cap anal où l'on patine gay ?
Car si le célibat, censément bien pesé,
Semblait la condition pour rencontrer Yavhé,
Peut-être en a-t-il privés de leurs jouets,
Et Dieu sait ce que font déguster des frustrés!

Que faisaient les Borgia sinon des Bacchanales,
Où dormaient les abbés au temps des cathédrales ?

Alors, je me souviens de ce vieux zinc croulant
Où j'allais me noyer quand j'étais désoeuvré
Des acides propos d'un curé défroqué;
Plutôt pour ses idées que son roseau branlant :
« L'église est le tombeau que Jésus a quitté,
C'est par ce désavoeu qu'il est ressuscité ».