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Giovanni BENINI

Hector et Andromaque

Que murmurait Hector à sa tendre Andromaque
Quand l’aile de l’aube soulevait sa paupière
Lui confiait-il les peurs de ces nuits d’ insomniaque,
Ces hideuses hyènes qui taraudaient ses nerfs ?

« L’homme n’est-il rien d’autre que le songe d’une ombre
Epris de lumière qui s’éloigne sans cesse
Comme un phare assiégé par les vagues traîtresses
Brillant un court moment peu avant qu’il ne sombre ».

« J’ai bien vu tous ces loups dépecer les dépouilles
Sous la lune sanglante aux clartés d’épouvante,
Le bruit des os broyés rythme la nuit tremblante
Sur la plaine funèbre où les herbes se rouillent ».

« Il me faut affronter ces terribles devoirs
Qui m’éloignent de toi, mon étoile de roses,
Comme j’aurais voulu n’être que ton miroir
Ne regarder que toi dans tes pudiques poses ».

Que disait Andromaque à son noble Hector
Quand il l’abandonna en pleurs aux portes Scées,
Lui a- t-elle confié ces visions torturées
D’un soleil transpercé par le bec d’un condor ?

« La brume et la nuée bientôt te couvriront
Tout au fond de l'Erèbe où sanglotent les morts
Lâches ou héros, tous, ils ont le même sort
Que les asphodèles fatales orneront » .

« Je ne toucherai plus tes boucles emportées
Comme une mer furieuse où se noie l’arc en ciel
Je ne verrai donc plus ton regard torrentiel
Où passaient les saisons douces ou endiablées ».

« Comme ces nuages qui ne reviendront plus,
Nous rêveries d’amour aux vents se sont perdues
Laisse-moi un instant caresser ta joue fraîche
Que colore la vie avant qu’elle dessèche ».

Mais déjà le guerrier n’est plus qu’un point obscur
Que l’horizon dévore à chaque pas amer,
Les poussières du temps l’ont déjà recouvert
Tel un linceul flottant dans l’impassible azur.