Chaque brin d’herbe contient un secret Ses flammes vertes me l’ont murmuré. Au creux d’un matin, au gré d’une allée, L’araignée tissait le voile des fées Les nuages traînaient le long des rails bleus Des rêves d’enfants, des cerfs amoureux, Un feu enflammait les douces clairières, Les feuilles clignaient comme des paupières, Un vieux prieuré tout à l’abandon Bruissait, bavard, d’antiques oraisons, Au pied du grand chêne aux milliers d’années J’ai trouvé ton ombre toute plissée, Tu m’y attendais depuis bien longtemps Quand on se donnait d’ immortels serments, Toi, ma jeunesse aux blonds cheveux d’ange Où venaient pépier les douces mésanges, Toi qui cherchais la forge des orages Où se sculptaient les éclairs fécondants, Toi qui fouillais dans l’argile vivant Les fossiles des premiers paysages . Tu as exploré le cœur des comètes, Le fond des mers aux gants de phosphore, Les vagues noires des crètes violettes Où séjournaient les derniers centaures, Ils te confièrent juste avant leur mort Ce parchemin où s’écrivent les jours Qui se survivent par le don d’amour De chaque brin d’herbe aux cris de l’aurore.