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Giovanni BENINI

Elegie

Dans les forêts bleutées de l'éternelle enfance
D'antiques hiboux s'abritent dans les horloges
Les corneilles blanches s'endorment dans leur loge
Les peupliers ridés évoquent leur jouvence
Aux chênes s'accrochent les longs sanglots du vent
Qui s'étouffent dans le feuillage iridescent
Des oiseaux de nuit picorent les champs stellaires
Et les pierres abritent le cri de leur colère.

Dans les forêts rouges de l'impérieux désir
Les feux follets s'affolent en tourbillon d'amants
On surprend le galop des chevaliers errants
Que de belles éplorées aux larmes de saphir
Guettent frémissantes comme un soupir d'orage
Des carrosses étoilés sillonnent les rivages
Transportent en secret le courrier des passions
A l'encre sympathique scellé d'illusions.

Mais bientôt sonne l'heure où le lierre s’enlise
Les jonquilles se couchent dans les marécages
Courbés, les saules têtards maudissent les âges
Sinistre sarabande qu’accable la bise
Sous une arche de pierre, un fleuve se tarit
Ses berges désolées aux ronces se déchirent
Au loin les nuages de fatigue s'étirent
Le ciel s'étend dans un silence où tout s'oublie.

La forêt est bien sombre et l'ombre nous emporte
Des prunelles brûlées tombent des étoiles
A l'ubac ténébreux jonché de branches mortes
Nous suivons un sentier que le givre nous voile
Nous traversons des ruines où dansent les harpies
Des arbres calcinés où grincent les pendus
Les lys noirs à nos pieds en cortège infini
Renferment les secrets que notre âme a perdus.

Cette forêt enchantée qui donc s'en souvient ?
Les longues années l'ont recouverte de cendres
Ne restent que ses nervures au creux de nos mains
Et les cris de son coeur qu'on peut encore entendre.