Que vont-ils célébrer dans leur palais de pierre Ces aigles fabuleux qu’enfanta le tonnerre ? Ils retiennent dans leurs serres quelques nuages Que les yeux des enfants dans leurs rêves sans âge Parent de mystères où soufflent les tornades, Qu’ont sculpté les grands vents des lointaines Orcades.
Que vont-elles fouiller aux fonds des eaux fumantes Ces pieuvres empourprées aux paupières de soie ? Cherchent-elles cet or perdu dans les tourmentes Que les yeux des enfants dans leurs rêves sans voix Font briller en éclats comme une pluie solaire Aux mille étincelles voltigeant sous les mers.
Que vont-elles cacher ces noires salamandres Dans le feu des volcans où résonne l’enclume De ces titans furieux croquant des scolopendres Que les yeux des enfants dans leurs rêves de brume Transforment en train vert grouillant de mille-pattes Qui file tout branlant vers un ciel écarlate ?
Car les yeux des enfants sont de purs magiciens Qui sortent un corbeau d’un chapeau girondin, Allument un fanal sur le dos des baleines, Fixent une étoile sur la queue de la hyène, Car les yeux des enfants sont la beauté du monde Qu’il nous faut retrouver pour conjurer l’immonde.
