A Big Sur 2
A Big Sur, ils s’étaient tous dispersés
Ces fantômes aux plaies de liberté
Tant ils l’avaient cherchée de tout coté,
Refusant les os des conformités,
Les abois en laisse au fond d’un panier,
Refusant l’uniforme du taulard,
Son costume étroit, sa peau en dollars,
Sa cage dorée, son rire en fausset.
Archanges nomades foulant l’étoile,
A New York City, aux souffles des voiles,
D’El Paso aride aux grands monts Rushmore,
Sculptés de titans aux voix de ténor,
De Tucson aux mille anneaux de Peyote,
A la New Orleans où swinguent les notes,
A Reno où scintillent des lanternes
Comme les yeux verts de l'Hydre de Lerne
Oh Laredo ! Tes vénelles poisseuses,
Jettent une apocalypse insidieuse,
Tequila, mescal et psylocibine,
Des comètes se noient dans les piscines,
Des coyotes jonglent avec la lune,
Bouddha tourne la roue de la fortune.
« Beat, beat, beat » crépite la portative
Sous les flots d'un jazz aux humeurs plaintives,
« Beat, génération perdue, consumée,
Beat, ivre d'amours, toutes fracassées,
Beat, le wuwein ne viendra pas ce soir,
Le bal des maudits s'achève au hasard ».
A Big Sur, ils se sont tous assemblés
Sur la barque noire pour un trajet,
Aller sans retour, valable un seul jour,
Donne une obole à ce vieux sans glamour,
On ira rejoindre au fond des abysses,
Les fous, les catins et autres jocrisses,
Tous les réprouvés de ce long hiver
Dans ce mausolée qu'on appelle terre.
A Big Sur, la mer scande un requiem
Pour ces beaux mutins devenus emblèmes
D'une quête sans fin, sans avenir,
D'un espoir si vain qu'il faut le chérir.
« In girum imus nocte et consumimur igni »**
*Il s'agit de quelques représentants célèbres de la Beat Ge
**L'un des plus beaux palindromes- phrase à lire dans les d
