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Gilbert CZULY-MSCZANOWSKI

La ville

Terre d’angoisses aux rues incertaines,
Tes enfants ne jouent plus là où ils veulent ;
Abimée, laissée à sa déveine
Où ne croissent qu’ombres devenues seules.

Périphériques ou grandes avenues
Aux balcons de fer où des draps râpés flottent ;
Bâtis symétriques, à perte de vue,
Où noirs cocons crachent des joues pâlottes.

En haut, là où le soleil ne fait que glisser,
A travers des grilles lasses et branlantes,
Des yeux sans regard observent des étrangers
Confortés d’un trottoir pour seule attente.

Des flots d’aciers idiots affluent incessants
Et charrient sur le noir bitume-prison
Les fantômes trop tôt réveillés et tremblants
Qui roulent, billes sottes, défaits de raison.

Quand tombe la nuit sur l’enfer de béton armé
Les chats fouillent les poubelles, des hommes aussi ;
Des sirènes arc-en-ciel affrontent les pavés ;
La ville enfin s’endort sur son gris paradis !