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Gilbert CZULY-MSCZANOWSKI

A Patrick



Tu avais 17 ans, avec nous tu as découvert Royan
Tes grands yeux noirs innocents
Venaient au monde, écarquillés
Au vent de l’Atlantique et de la pluie qui battaient
Avec rage des remparts immergés et tant la tempête rageait
Que nos appels se perdaient

Quand enfin tu es descendu de ces murs
Comme une voile poussée vers la plage
Fut un vertige qui nous saisit
Un instant de réconfort pur
Pour un pilote resté en vie
A la sortie d’un mortel virage

Dans le sable tu t’es enterré jusqu’à la taille
Et tes deux cousines debout dans tes bras
Enlaçaient d’amour, de rires, d’éclats de voix
Cet ange surgi d’une comique bataille
Tous trois de la même hauteur, aucune différence
Il ne s’était rien passé jusque là
Le rêve est pour celà
Notre remède de préférence

La saison fut pluvieuse comme jamais
Une caravane sur un terrain privé
Des voisins bruyants sous une grande tente
L’homme à l’oeil de verre était morguier
Dans un centre hospitalier
Pour nous distraire il nous contait
De sombres histoires de morts-vivants
Qui se réveillaient la nuit
Dans le lugubre couloir menant au placard
Se pliant soudain sur leur brancard
D’avoir été pliés toute leur vie

Et la pluie battait comme jamais
En cet été 80
Tu as vu Talmont, un de ces paradis
Que rien ne semble avoir dérangé
Fleurs à portée de main et de parfums
Tu sautais sur les pierres de la vie

Pourquoi es-tu parti, petit ?
Jamais tu ne sombreras
Chaque jour qui passe nous rappelle
Le petit restaurant de la plage, le vent, la pluie
Tes yeux illuminés
Pour la première et la dernière fois
Et nous pleurerons mille fois
Pourquoi es-tu parti, petit ?