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Germain GERARD

Corons

1. Corons

Cheminée, ô filet qui monte vertical,
Ne me suggère pas de spinalienne image,
Pas plus que l'horizon qu'écartèle l'orage
Ni du rang des corons l'alignement bancal.

On ne vit pas céans tel l'ide en son bocal ;
Tout y est sale et noir même sans charbonnages
Et les mineurs sont morts longtemps avant leur âge
Pour relancer encor le combat syndical.

Beauté morte à trente ans des femmes étrangères.
Tous ceux venus du sud ici perdent le nord,
Les hommes en pointant, les femmes parlant fort.

Ici, camarade, la loi, c'est les mégères,
Et pour leur tribunal, c’est chez Maria « Blé d'Or »,
La seule épicerie où crédit n'est pas mort.

2. "La Violette"

Me reviennent les regards pisseux
Des marchands de fer et de charbon
Et l'insulte bien claire de l'aïeul encor jeune
Leur refusant de très haut le passage

Tout homme de la classe ouvrière
Devrait garder à tout moment son fusil
Fin prêt à cracher à mort la chevrotine
Dans les panses faisandées du capital

Pendant ce temps "gare devant" vocifère
Le vent d'ouest en remontant en colère
La rampe du vieux terril de La Violette

Et comme bestialement happés par le vide
Les visages aux ivoires furtifs des hiercheuses
Vacillent un instant puis s'effacent

3. Terril

L'oreille posée sur le rail rouillé
Je les entendais parler à voix rauque
Les lumières de la nuit crépitaient
Sous l'orage venu du septentrion

D'un geste sans cesse répété
L'un des deux hommes tirait de son ventre
Des poignées et des poignées d'étoupe
Qu'il laissait choir aux pieds de l'autre

La molette du charbonnage tournait
Le vent secouait les vitres et les ardoises
Et les rompait comme du vieux pain

Bras ballants démarche élastique
Les deux hommes ont traversé le terril
Comme s'il n'avait jamais existé