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Georges ORFILA

Ma Reine

Permettez moi damoiselle un petit baiser dans le cou
Qui ne portera point atteinte à votre réputation,
Juste un effleurement, une caresse sur votre joue
Qui suffira à endiguer mes émois et mon excitation.
Des semaines que j'attends religieusement cet instant.
Être auprès de vous, être auprès de ma reine,
Prenez mon bras et fuyons ces manants,
Par les jardins à travers bois je vous emmène.
Soyons seuls vous et moi, c'est mon rêve le plus fou,
Vous conter mes tourments dans l'attente de cet instant béni
Vous dire l'angoisse de ces jours interminables et flous,
Oser à peine imaginer que nous soyons enfin réunis.
Ce moment est arrivé, je suis pris au dépourvu
Mes lèvres s'ouvrent mais aucun son n'en sort,
Vous m'impressionnez ma belle, je suis un intrus.
Où est donc passé le vaillant bretteur, le matamore ?
Je tremble, je suffoque, qu'allez-vous penser de moi ?
Je sens mes jarrets mollir, mes pensées défaillir,
Trop de choses à vous dire voilà d'où vient mon désarroi,
Sans une aide de votre part, je ne saurai comment réagir.
Au combat, risquant mille morts, je n'ai jamais ressenti
Un seul instant cet état de dégénérescence de l'âme,
Cet embourbement, cet enlisement de l'esprit,
Qui devant vous au lieu de vous déclarer ma flamme
Me prive de l'éloquence qui de coutume ne m'a jamais trahi
Mais relaxons nous et remettons les mots à plus tard,
Acceptez l'offrande d'un baiser sur vos joues rosies,
Et laissez vous bercer de respectueux égards.
L'ourlet de vos lèvres m'attire irrésistiblement
Oserais-je forcer le passage et lire
Dans vos pensées intimement
Ou dois-je me contenter de me blottir
Dans votre épaisse et blonde chevelure ?
Ne rien précipiter, attendre votre consentement,
Caresser d'un doigt léger la fine ciselure
De ce visage mi-femme mi-enfant.
Maintenant alanguie, prête à poursuivre nos tendres ébats.
Dans un élan inattendu nos bouches se découvrent,
Nos corps s'étreignent, à mots très bas
Vous déclare les envies qui au fond de moi sourdent.
Aurais-je le privilège d'un sein dans son nid douillet
Des deux peut-être pour éviter les jaloux ?
Laissez-moi peu à peu vous trousser,
L'excitation et l'impatience me rendent fou.
Non je vous en supplie ne rentrons pas de suite,
Nous avons encore tant à explorer.
Allongeons-nous, je vous invite
Sur ce lit de mousse, ce matelas rêvé.
Nous conjuguons le verbe aimer
Et comme elle apprécie ma belle,
Une seconde fois tricotons sans filet
Au troisième assaut elle chancelle.
Elle n'en peut plus, elle est rassasiée
Avant même d'être totalement revêtus
Je pense déjà à notre futur rendez-vous, extasié
A l'idée de nos deux corps nus.
A nos batifolages à nos libertinages,
Ma reine est un volcan qu'il me faut cajoler.
J'attends, impatient notre prochain voyage
Et ferai tout pour une fois encore, la combler.