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Georges ORFILA

Les technocrates

Les technocrates sont des gens bien
Costume trois pièces, souliers cirés,
Rien à voir avec l'agriculteur ou le mécanicien.
D'une élégance recherchée, ce sont des gens très raffinés.
Les technocrates sont attentionnés et prévenants
Jamais d'écarts, langage choisi et onctueux
Jamais de mots maladroits ou discriminants,
Bouches toujours fendues d'un sourire généreux.
Que d'heures passées à étudier nos lois
Et que de temps passé à les court-circuiter.
Les référendums, cause de leur désarroi,
Doivent être irrémédiablement sabotés.
Leur hypersensibilité aux groupes de pressions
Leur font passer les intérêts privés en priorité,
Leur assurant de belles et grasses rémunérations
Venant se greffer à des salaires proprement éhontés.
Rois des statistiques et des sondages,
Leur dialectique sait très bien retourner l'opinion.
Ils prennent parfois sans vergogne en otages
Des élus peu sensibles à leurs élucubrations.
Aucun domaine ne leur échappe,
De l'Energie aux Transports, de la Justice à la Santé,
Ils mettent en place des chausses trappes
Dont ils sont seuls à comprendre la complexité.
L'ENA en fabrique chaque jour à la pelle.
Sur le volume des chasses d'eau ils débattent.
Ils sont absolument indispensables à Bruxelles.
On les adore nos technocrates !
De l'Europe ils sont les rouages essentiels.
L'armement et les labos pharmaceutiques
Sont propres à leur donner des ailes.
Les laborieux aux salaires faméliques
Sont totalement transparents à leurs yeux
Qui ne guettent que les coups machiavéliques
Leur provisionnant des appointements juteux.
Dans l'ombre ils tissent leurs toiles maléfiques.
Ce sont eux qui de nos jours détiennent le pouvoir
N'en déplaise aux sénateurs ou aux ministres
Qui ne sont plus que des faire valoir
Appliquant à la lettre les directives de ces cuistres,
De leurs chargés de missions, de leurs conseillers,
De leurs lèches bottes qu'ils imaginent sous leur contrôle
Et qui les manipulent comme des garçons bouchers.
Les reléguant à parader dans les comices agricoles.
Voila aujourd'hui mes amis où nous en sommes,
Notre cinquième République n'est plus qu'une oligarchie,
Une maffia, notre démocratie un fantôme,
Notre état de droit tombé dans la plus noire des anarchies.
Par la grâce de nos technocrates… grand merci à l'énarchie