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Gael Wilfran ZALAMOU

A Orcèle Ngaka

Te rappelles-tu encore ces conversations ?
Dans les sombres lueurs de Pointe-Noire,
Assis autour de cette table pleine d’espoirs,
D’où brillaient à peine nos vocations.

Au bord de la route, vers la Case du Parti,
Quand passaient ses voitures avec repartie ;
Et malgré les échos de leurs vives voix,
Entre mille vents, nous tracions nos voies.

Le plus souvent sous une lampe, une bougie,
Nous parlions d’Hugo, Césaire et Baudelaire ;
Mais, de rêveurs, nous n’avions pas l’air,
Par cette fumée de cire, les yeux rougis.

Nous avions pris la plume pour maîtresse,
Et, avec frénésie, elle manquait d’adresse ;
Quand nous voulions, telles des comètes,
Vivre coute que coute, nos vies de poètes.

Vouloir tel Arthur, faire de nos ratures, littérature,
Ô nous coûtait fort bien de courbatures !
Que des nuits blanches à réfléchir,
Sur un tas de feuilles blanches à noircir !

Et, aujourd’hui, nous en sommes encore là,
Mais sans pour autant être aussi las ;
Pleins de feuilles noires dans les tiroirs,
Ô combien brillantes tels des miroirs !