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Gabriel GIRARD

L'austérité du crépuscule

Comme un peuple soumis de bœufs pauvres, le bronze
Crépuscule s'avance et s'impose, vers onze
Heures, par le couché maladif du soleil
Pourpre. Plus rien ne semble heureux. Car, le sommeil
Forcé n'a de beauté que pour l'orgueilleux maître,
Assis sur son troupeau, qui fait, indigne, paître
Le champ démocratique à ses bêtes de zoo.
La noirceur tombe ainsi qu'une plume d'oiseau
Sur la ville. L'air froid glace l'économie,
Et nous embaume comme une vieille momie
De l'honnête pays d'Égypte. Le hibou,
Aux yeux grand 'ouverts, mord une branche de houx
Tel un gratteux de cents qui dépouille sa race,
Et fixe sans cligner cette invisible trace
De la révolte humaine et du grand désespoir.
C'est encore la nuit, c'est encore tout noir ;
La corneille n'est plus qu'un petit doigt dans l'ombre
Et le royal érable un battement sans nombre
Dans le silence aigu de leste austérité,
Où la démocratie est sens de cruauté.