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Gabriel FRANCESCHINI

Plus le gaillard d'avant .



Aux songes d’océans où soufflait le soleil,
Ou la simple risée envoyait au grand mat
Tourmentins et génois et voiles sans pareil
Pour des courses de mer sous les yeux de Kama.

Aux régates sans fin toutes voiles dehors
Où trinquettes et yankees, sans vergue et sans espar,
Aux allures bon plein me faisaient voir des ports,
Des îles et des lagons, toujours sur le départ.

Aux chants de mes sirènes où mes palans d’étarque
Se pensaient immortels, à raidir à jamais
Bordures et guindants quelle que soit la barque,
Oubliant que l’hiver n’est pas au mois de mai.

Au temps qui a usé les poulies et manilles,
A changer mon clipper en trop vielle tartane
A la roue de laquelle je n’écris plus que silles,
La toile de ses voiles devenue trop diaphane.

Aux vents et aux marées, à mes regrets d’antan,
A ce coup de tabac, à ces derniers rivages
Au temps qui fait de moi, plus le gaillard d’avant,
A Pétole déjà qui m’emporte au naufrage.

mai 2010