Les mots sont des lutins avec lesquels je joue, Dans le monde irréel, des morceaux de ficelle, De la verroterie et de ces faux bijoux, Qui transforment les pages en esche artificielle.
Ils vont dans la forêt, plein de morgue et d’envies, Accrocher des guirlandes aux cimes des sapins, Simplement par plaisir, pour occuper ma vie Et recouvrir mes gris, d’un soupçon d’alapin.
Je les fais chahuter à la lisière des bois, En leur faisant crier que le loup y sera Et j’entretiens la peur, mettant tous aux abois, Alors qu’il n’y a là, que du chat angoras.
Et c’est à coups de djinns que j’assouvis mon vice, Les laissant se baigner dans l’amer de mon jeu, Où l’encre se transforme en jardin des sévices, Rien que pour contenter les egos de mon je.
Et l’écrit que je crie, du fond de l’encrier, A le noir du goudron qui adhère à ma plume ; Et tous les farfadets lancés à l’arbrier, Ont l’odeur des koubbas de ceux de l’amertume !
